Enfant, Robert Taylor attendait impatiemment la fin des classes à l’école St-Lambert Elementery pour foncer vers la rue Victoria, en direction d’un grand magasin qui porte son nom : Taylor. « Imaginez ! Il y avait une section de jouets au sous-sol avec un train ! J’étais toujours ici », se souvient l’homme de 73 ans, devenu propriétaire des magasins Taylor. À l’époque, sa tante Dorothy, son oncle Ernest et son père, Charles Taylor, se partagent la direction de l’entreprise familiale. « Mon père travaillait huit jours sur sept ! Il était marié à Taylor », confie-t-il. Dès l’âge de 15 ans, le jeune Robert se joint à son tour à l’entreprise fondée par son grand-père, Joshua. On lui confie alors un travail dans un secteur qu’il connaît bien : le rayon des jouets ! D’une pandémie à l’autre Fondée en juillet 1920, alors que le Québec, tout comme le reste du monde, se relève à peine de la grippe espagnole, l’entreprise Taylor célèbre aujourd’hui un siècle de commerce de détail. Le hasard a voulu que cet anniversaire hors du commun survienne lors d’une autre pandémie, celle de la COVID-19. L’histoire de cette entreprise familiale commence lorsque Joshua Taylor, un agent d’importation de tissus provenant de l’Angleterre, décide d’ouvrir un point de vente au 306 de la rue Victoria, à Saint-Lambert [1]. À l’époque, la ville est une banlieue en pleine croissance avec une population de près de 4 000 habitants. L’homme de 47 ans concrétise son projet d’affaires grâce à un prêt de 10 000$ provenant de la Building Society de l’Ordre des francs-maçons dont il est membre. C’est son épouse, Margaret Anderson, qui dirige les opérations du magasin de tissus. Lorsque cette dernière est frappée par la maladie, Charles, le fils aîné de la famille est rapidement désigné pour la remplacer. « Mon père avait seulement 15 ans, raconte Robert Taylor. Il était bon à l’école, il voulait devenir médecin, mais il a été obligé de laisser ses études pour s’occuper du magasin. » Une histoire de famille Les trois enfants Taylor se partageront ainsi la gestion de l’entreprise avec leur père jusqu’à la mort de celui-ci, en 1955. L’entreprise survit au krach de 1929, à la Grande Dépression, à la Deuxième Guerre mondiale, aux récessions et plus récemment, à la crise que subit le commerce de détail. Un siècle après sa fondation, Taylor compte huit magasins dont ceux de Beloeil, Saint-Bruno, Saint-Jean-sur-Richelieu et Granby, en plus de faire travailler 98 employés. « Je suis très fier pour notre famille et aussi pour nos employés. Plusieurs d’entre eux ont plus de 40 ans de service, d’autres 20 ou 25 ans », souligne Robert Taylor. Je pense que si ça dure, c’est grâce au service de nos employés qui sont dédiés à leur travail. » « On en a passé des épreuves. Les Taylor sont de bonnes personnes. On sent qu’on fait partie de la famille. Moi quand j’ai un problème, je vais voir Bob », confie Danielle Moreau, acheteuse depuis 42 ans pour l’entreprise. Sise au cœur du centre-ville de Saint-Lambert, la vénérable institution s’est refait une beauté en 2004 en remplaçant sa façade. Une réalisation dont Robert Taylor semble particulièrement satisfait. « J’ai toujours détesté l’ancienne fausse façade. J’ai dit à mon père : comment t’as pu choisir quelque chose d’aussi laid ! Je me disais, un jour je vais descendre cette affaire-là », lance Robert Taylor en riant. Période d’incertitude Comme toutes les entreprises frappées durement par la pandémie, les magasins Taylor sont ébranlés par le climat d’incertitude ambiant. « Tout change vite en ce moment. J’aime encore beaucoup ce que je fais, mais je suis très inquiet, dit M.Taylor. La pandémie nous affecte énormément. Ce qui fait peur c’est que nous avons perdu plusieurs fournisseurs. Ce qui va arriver l’an prochain, je ne sais pas. » L’entreprise centenaire n’en est pas à ses premières épreuves. Et lorsque l’on demande à Robert Taylor ce que son grand-père aurait pensé de la crise actuelle, il répond sans hésiter : « Bah! Il aurait dit : on va toffer ! Il faut s’accrocher, on va passer à travers. » Magasins Taylor 556 avenue Victoria, Saint-Lambert Boutique en ligne : taylor.ca Une exposition à ne pas manquer !
4 Commentaires
10/20/2020 09:19:35 am
Mon grand-père Paul Comtois était lieutenant-gouverneur de la province au début des années soixante et ses fonctions l’amenaient à être présent à des douzaines de fonctions officielles. Ma grand-mère Irène l’accompagnait, mais ces sorties nécessitaient des robes de soirée. Or ma grand-mère Irène détestait le magasinage. Ma mère Odette trouva une solution grâce au magasin Taylor. Lorsque ma grand-mère voulait renouveler sa garde-robe, elle partait de Québec et venait à la maison de sa fille à Saint-Lambert. Le camion de chez Taylor ne tardait pas à arriver avec des douzaines de robes. Elle effectuait une sélection avec l’aide de ma mère et repartait pour Québec avec ses achats.
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Marie Marchant
10/20/2020 10:57:14 am
Pour la population de St-Lambert c'est tellement important d'avoir un magasin comme Taylor .
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Dominique Lebeau
10/20/2020 06:15:57 pm
Ça doit bien faire 100 fois que je me dis qu'un jour, je finirai bien par la lire la grande histoire du magasin Taylor.
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monique poulin
10/21/2020 07:19:56 am
Ma mère a travaillé dans le département des enfants pendant 10 ans, un dimanche on a passé au feu chez nous, les frères Taylor ont ouvert le magasin pour que ma mère aillent acheter le plus urgent. Ensuite quand ma mère est décédée, même si c'était le congé de la fête du travail, ils sont venus au salon funéraire. Je garde un super beau souvenir de ce magasin et de ses propriétaires à ce temps la.
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