À quoi ressemblerait votre ville idéale en 2035 ? C’est la question posée par les municipalités de l’agglomération de Longueuil à leurs citoyens et une vaste réflexion à laquelle les Lambertois ont été conviés. Et tant qu’à imaginer notre ville de demain, pourquoi ne pas demander à l’architecte de renom, Pierre Thibault, de rêver avec nous. Sa philosophie est toute simple : remettre les humains au cœur du développement urbain. « À Saint-Lambert comme ailleurs, il faut se demander quels sont les aménagements stratégiques qui vont procurer le meilleur bonheur citoyen au quotidien », explique l’architecte dont le travail est reconnu autant chez nous qu’aux États-Unis et en Europe. « Construire est l’un des actes les plus importants que peut poser une société parce qu’il marque une empreinte définitive sur le territoire… », peut-on lire sur le site web de l’architecte qui travaille au réaménagement de plusieurs municipalités dont Drummondville, Matane et Lac-Mégantic. Pour bien construire, Pierre Thibault insiste sur l’importance de réfléchir et de prendre le temps. Il est essentiel de faire un plan d’ensemble, travailler avec les élus, consulter et expliquer le projet aux citoyens. Ces étapes permettent de livrer un projet moins coûteux, mieux pensé et mieux reçu par la population, assure-t-il. « C’est fascinant d’aller à la rencontre des citoyens. À Drummondville, une ville tout à l’auto, on a développé un quartier, avec un milieu de vie plus dense, à dix minutes de marche de tous les services, raconte-t-il. On a travaillé avec un groupe d’élus, on a fait une présentation publique au centre des congrès. Plus de 500 personnes se sont inscrites en plus de ceux qui nous suivaient sur Facebook en direct. Et on a eu aucun commentaire négatif ! » Le grand potentiel de Saint-Lambert Saint-Lambert est la 6è ville du Québec où il fait bon vivre, selon le magazine canadien Money Sense et serait le meilleur endroit pour y développer un réseau d’amis véritables, indique un sondage Léger mené sur le rapport des villes au bonheur. Comment maintenir les acquis et améliorer la qualité de vie ? Les meilleures idées ne sont pas les plus coûteuses, répète souvent le professeur à l’École d’architecture de l’Université Laval. Un réseau cyclable, un grand circuit piétonnier, un marché public, des lieux qui favorisent la rencontre et l’échange. Ces éléments procurent un bonheur citoyen à des milliers de personnes qui en profiteront pendant les vingt ou cent prochaines années, plaide ce créateur contemplatif. « Saint-Lambert a de grands potentiels. Comment tirer profit de sa proximité avec le fleuve et imaginer un parcours ? Il faut faire une étude du littoral de la ville et bonifier notre accès au fleuve. Dans une perspective minimaliste, on fait un plan d’ensemble de tout le littoral, pas seulement sur un ou deux ans, mais sur quinze ans. » Lorsqu’il travaille avec une ville, Pierre Thibault évalue différents scénarios et analyse les meilleurs exemples. Trop souvent, nous avons tendance à faire des aménagements où le bien-être n’est pas la préoccupation numéro un, déplore celui qui a conçu l’abbaye Val Notre-Dame des moines cisterciens située à Saint-Jean-de-Matha. « Il y a un désir de plus en plus grand de rester en santé et de marcher. On veut faire nos 10 000 pas tous les jours et on se demande si un déplacement peut se faire à pied. Une population en santé coûte moins cher.»
Éviter les « petits Manhattan » Pierre Thibault prône une densité douce et se dit critique d’un certain modèle de densification qui tend à recréer des « petits Manhattan » avec des immeubles aux multiples étages. « Vivre dans une tour ne permet pas de vivre en relation et malgré tous les réseaux sociaux du monde, il y a encore beaucoup de solitude. Lorsque l’espace public est bien pensé, il favorise l’interaction et la rencontre entre les gens, note-t-il. Dans une ville dense comme Paris, il n’y a pas un immeuble de plus huit étages, c’est agréable d’y marcher et pourtant, ils ont moins d’espace que nous. Au Japon, on n’a pas le droit de faire de l’ombre au voisin. À Tokyo, on voit peu d’immeubles plus haut que cinq ou six étages. » Travailler avec les élus Pierre Thibault profite de toutes les tribunes qui lui sont offertes pour proposer sa collaboration aux élus qui le souhaitent afin de les inviter à parler d’aménagement urbain. Élaborer un plan de conception de l’espace public représente le coût-bénéfice le plus important que l’on puisse faire, juge-t-il. « Investir dans un plan d’ensemble ce n’est pas cher par citoyen pour savoir quoi faire pour les prochaines années. Les élus ne sont pas là pour réaliser deux ou trois projets, mais pour faire en sorte que l’addition de toutes leurs interventions aura une valeur durable », pense-t-il. Parmi les réalisations de l’Atelier Pierre Thibault, on retrouve notamment le Musée d'Art contemporain de Baie-Saint-Paul, la Villa du Lac du Castor, l’abbaye Val Notre-Dame, le Théâtre de la Dame de Cœur et l’édifice de la Fondation Jean-Pierre Perreault. L’architecte qui a été professeur invité au MIT à Boston, préside actuellement Le Lab-École, un OBNL qu’il a cofondé avec Pierre Lavoie et Ricardo Larrivée, et dont la mission consiste à réunir les expertises multidisciplinaires pour concevoir les écoles de demain.
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