Sylvie Joanisse a toujours su qu’elle serait entrepreneure. Toute petite, elle avait déjà ce désir de démarrer des projets qu’elle avait imaginés juste pour voir jusqu’où elle pourrait les amener.
« Ça me vient de mon père contremaître qui aurait voulu avoir sa place d’affaires. Il n’est pas devenu entrepreneur, mais il nous a transmis le goût d’entreprendre à mon frère et à moi. » L’énergique propriétaire du bistro-café Crime et Gourmandise est passée du rêve à la réalité. En 2020, son entreprise a célébré 10 ans de gourmandises et de présence remarquée à Saint-Lambert. Le minuscule commerce de la rue Green a bien changé depuis son ouverture, le 10 août 2010. La superficie du local a doublé, l’offre de produits maison a explosé et l’entreprise s’est continuellement ajustée aux demandes de sa clientèle ajoutant ainsi à son offre, des repas cuisinés pour emporter et des produits véganes distribués dans les épiceries écoresponsables. « Quand j’ai commencé à imaginer mon entreprise, j’avais un mot en tête : BONHEUR. Avec mon associée de l’époque, on avait le désir de créer des produits de qualité faits sur place et avec amour. Pour moi, c’est important que ça soit bon ! » Crime et Gourmandise est ainsi devenu le petit trésor local que l’on connaît, à proximité de Montréal. Les habitués ont vite fait de l’endroit leur quartier général. En entrant dans ce joyeux bistro, on est immédiatement charmé par son décor lumineux et par l’offre époustouflante de desserts et gâteaux décadents qui font la renommée de l’endroit. Tous les produits vendus sont fabriqués sur place, par les artisans en cuisine. Que le spectacle commence « Chaque fois que j’ai fait quelque chose dans ma vie, je l’ai fait avec cœur et passion, parce que j’y crois », confie celle à qui tout semble réussir. Sylvie Joanisse a d’abord étudié en danse moderne à l’Université de Montréal, puis a obtenu une bourse des Ballets Jazz de Montréal. Elle devient ensuite membre de la troupe d’Howard Richard et passe à un cheveu près, de joindre l’équipe de danseurs contemporains de la prestigieuse compagnie La La La Human Steps. Elle se tourne ensuite vers l’enseignement et ouvre sa propre école de danse sur la rue Saint-Denis, à Montréal. Après cette brillante carrière en danse, elle se lance en production télé, sa seconde passion. Elle participe à l’organisation de spectacles d’envergure, dont les Francofolies de Montréal et le Festival d’été de Québec. De cette époque, Sylvie Joanisse conserve un sens inné du spectacle qu’elle transpose au quotidien dans son entreprise. « Pour moi, un commerce, c’est un peu comme un spectacle, je vois ça comme une performance que l’on présente au client : on se lève le matin, on part les fours et le show commence ! » Carburer à la création et au mouvement Résidente de Saint-Lambert depuis plus de 27 ans, Sylvie Joanisse adore la ville qui a vu grandir ses enfants. Cette entrepreneure hors du commun qui carbure à la création et au mouvement, n’hésite pas à embaucher un DJ lors des fêtes de Saint-Lambert pour faire danser les gens dans la rue, devant son commerce. Elle pousse même l’expérience un peu plus loin en louant l’ancien bureau de poste de la rue Hooper pour organiser une soirée dansante à la Saint-Valentin. « Danser et faire danser les gens, ça, pour moi, c’est du bonheur ! », jure-t-elle. Entre 2012 et 2019, elle accepte de s’impliquer auprès des différents regroupements de gens d’affaires lambertois[1]. Elle participe notamment à l’organisation des Fêtes de Saint-Lambert. Elle tient à prendre part aux décisions et contribuer au dynamisme de la ville. Fidèle à ses valeurs, elle attaque chaque projet avec la fougue qu’on lui connaît. « Je suis toujours allumée par quelque chose, je m’enflamme facilement et je m’enthousiasme rapidement, surtout quand je sens que j’ai une équipe derrière moi. On n’est rien si on n’a pas une bonne équipe. » De son propre aveu, Sylvie Joanisse aime voir grand. Son imagination est fertile et ses projets se réalisent toujours plus vite dans sa tête, confie-t-elle en riant. Son prochain rêve dépend beaucoup de l’après-pandémie et des besoins des consommateurs lorsque nous aborderons la « nouvelle normalité ». « Tout est chamboulé, mais je veux rester dans le bonheur et faire partie d’une équipe d’artisans. C’est mon moteur ! Et je veux que les gens ressentent cette bonne énergie quand ils entrent dans mon commerce », conclut-elle. Crime et Gourmandise 38 rue Green, Saint-Lambert www.crimeetgourmandise.ca [1] Les regroupements AGA et CDC sont devenues par la suite la Corporation de développement économique de Saint-Lambert (CDE).
0 Commentaires
Lorsque Julie-Marie Domenjoz parle du rayonnement de Saint-Lambert et de l’importance de son image de marque, la conseillère en développement économique et commercial ne tarit pas d’éloges pour la ville qu’elle représente. Son regard s’illumine lorsqu’elle évoque la charmante communauté où elle a choisi de vivre, élever ses enfants et travailler.
Embauchée en 2016 par la Corporation de développement économique (CDE), cette entrepreneure dans l’âme accueille et accompagne les gens d’affaires de Saint-Lambert dans les différentes étapes de leur projet, en plus de créer les conditions favorables à leur développement. L’unique employée de la CDE défend les intérêts des entrepreneurs, commerçants et travailleurs autonomes de près de 600 places d’affaires. Sa mission : créer des opportunités, dynamiser l’espace urbain, augmenter le pouvoir d’attraction de la ville et contribuer à son enrichissement. Sa grande motivation est d’identifier et recruter des entrepreneurs qui pourront trouver leur bonheur à Saint-Lambert. « Notre ville est un bijou qui, à la fois, se distingue et complète ce qu’ont à offrir les villes voisines, y compris Montréal », explique-t-elle. Julie-Marie connaît bien les besoins et les enjeux auxquels font face les entrepreneurs puisqu’elle a elle-même fondé une entreprise de courtage hypothécaire à Saint-Lambert. C’est d’ailleurs à ce moment qu’est né le désir de s’impliquer auprès d’eux. Une passion familiale Julie-Marie Domenjoz a grandi à Marcoussis, en banlieue de Paris. Ce petit village d’un peu plus de 8 000 âmes où tout le monde se connaît lui fait beaucoup penser à Saint-Lambert. « J’ai retrouvé ici l’esprit d’une ville où les gens sont tricotés serrés, avec un fromager, un cordonnier, un boucher et tous ces extraordinaires commerces de proximité », confie-t-elle. Avec un père adjoint du maire de Marcoussis et conseiller en urbanisme, Julie-Marie est très tôt exposée aux enjeux qui touchent la collectivité, la vie municipale et le développement urbain. Ses parents passionnés d’art, d’architecture et de culture sont très impliqués dans leur communauté, « Pour mes parents, le cadre de vie c’était très important. Il fallait toujours que ça soit à la fois beau et pratique pour les usagers. Et surtout, que tout se fasse dans le respect de l’environnement. » À l’âge de 20 ans, Julie-Marie s’implique dans la transformation de la salle multifonctionnelle de son village en cinéma municipal. Elle est d’ailleurs fière de cette réalisation qui, plus de deux décennies plus tard, est toujours populaire. À cette époque, elle termine des études universitaires en communication et déniche un premier emploi dans une agence de pub à Paris où elle se spécialise dans les technologies de l'information et de la communication (TIC). Puis, Julie-Marie est tentée par l’aventure et les voyages. En 1998, elle débarque à Montréal avec son sac à dos. C’est le coup de foudre pour la métropole et l’accueil si chaleureux des Québécois. Elle reviendra deux ans plus tard, cette fois pour s’y installer. Elle est embauchée par l’Ordre des infirmières et infirmiers du Québec (OIIQ) comme chargée de projets de développement technologiques. Puis elle suit une formation de courtier immobilier, un métier qu’elle exerce par la suite pendant plus de dix ans. Toujours en quête de perfectionnement et de nouveaux défis, Julie-Marie complète une formation de courtier hypothécaire. Elle obtient également une certification de l’Autorité des marchés financiers (AMF) comme agent d’assurance de dommage. Plus récemment, afin de mieux servir la mission de la CDE, elle décroche un diplôme de deuxième cycle en gestion du développement local, à l’Université de Sherbrooke. Ensemble c’est tout C’est en 2007 que Julie-Marie Domenjoz emménage avec sa famille à Saint-Lambert. Rapidement, elle s’implique dans sa nouvelle la ville au niveau communautaire et également au conseil d’établissement de l’École primaire des Saint-Anges. Ces expériences lui permettent d’accomplir de belles réalisations, dont la création de la nouvelle image de marque du centre-ville et son Village Urbain, l’organisation du débat préélectoral des candidats à la mairie, en 2017, l’implantation d’un blogue de même que les maisonnettes du village. La CDE se veut une bougie d’allumage pour la vitalité commerciale de notre communauté, répète Julie-Marie. Elle souhaite à la fois être une rassembleuse et une voix pour les gens d’affaires, ces hommes et ces femmes de cœur qui travaillent d’arrache-pied et participent au développement économique de la ville. « Les entrepreneurs sont les forces vives de la ville, mais ils travaillent 70 heures par semaine, ils sont isolés et se connaissent trop peu. Je veux les rassembler davantage, faire rayonner leurs commerces et leurs entreprises. À plusieurs, on est plus forts, on a plus d’idées et on fait mieux face aux défis. Bref, on rebondit mieux », plaide-t-elle. Julie- Marie a encore des projets plein la tête. Elle souhaite entre autres établir des liens avec les établissements scolaires afin d’implanter des programmes pour jeunes entrepreneurs et les sensibiliser à l’importance de l’achat local. Elle aimerait aussi voir émerger des parcs thématiques et de l’art urbain un peu partout dans la ville. « On a ici un cadre de vie extraordinaire et tous les ingrédients pour réaliser la ville de nos rêves. Tout ce qu’il faut maintenant, c’est faire monter la mayonnaise. Et ça, on peut le faire ensemble », conclut-elle. Enfant, Robert Taylor attendait impatiemment la fin des classes à l’école St-Lambert Elementery pour foncer vers la rue Victoria, en direction d’un grand magasin qui porte son nom : Taylor. « Imaginez ! Il y avait une section de jouets au sous-sol avec un train ! J’étais toujours ici », se souvient l’homme de 73 ans, devenu propriétaire des magasins Taylor. À l’époque, sa tante Dorothy, son oncle Ernest et son père, Charles Taylor, se partagent la direction de l’entreprise familiale. « Mon père travaillait huit jours sur sept ! Il était marié à Taylor », confie-t-il. Dès l’âge de 15 ans, le jeune Robert se joint à son tour à l’entreprise fondée par son grand-père, Joshua. On lui confie alors un travail dans un secteur qu’il connaît bien : le rayon des jouets ! D’une pandémie à l’autre Fondée en juillet 1920, alors que le Québec, tout comme le reste du monde, se relève à peine de la grippe espagnole, l’entreprise Taylor célèbre aujourd’hui un siècle de commerce de détail. Le hasard a voulu que cet anniversaire hors du commun survienne lors d’une autre pandémie, celle de la COVID-19. L’histoire de cette entreprise familiale commence lorsque Joshua Taylor, un agent d’importation de tissus provenant de l’Angleterre, décide d’ouvrir un point de vente au 306 de la rue Victoria, à Saint-Lambert [1]. À l’époque, la ville est une banlieue en pleine croissance avec une population de près de 4 000 habitants. L’homme de 47 ans concrétise son projet d’affaires grâce à un prêt de 10 000$ provenant de la Building Society de l’Ordre des francs-maçons dont il est membre. C’est son épouse, Margaret Anderson, qui dirige les opérations du magasin de tissus. Lorsque cette dernière est frappée par la maladie, Charles, le fils aîné de la famille est rapidement désigné pour la remplacer. « Mon père avait seulement 15 ans, raconte Robert Taylor. Il était bon à l’école, il voulait devenir médecin, mais il a été obligé de laisser ses études pour s’occuper du magasin. » Une histoire de famille Les trois enfants Taylor se partageront ainsi la gestion de l’entreprise avec leur père jusqu’à la mort de celui-ci, en 1955. L’entreprise survit au krach de 1929, à la Grande Dépression, à la Deuxième Guerre mondiale, aux récessions et plus récemment, à la crise que subit le commerce de détail. Un siècle après sa fondation, Taylor compte huit magasins dont ceux de Beloeil, Saint-Bruno, Saint-Jean-sur-Richelieu et Granby, en plus de faire travailler 98 employés. « Je suis très fier pour notre famille et aussi pour nos employés. Plusieurs d’entre eux ont plus de 40 ans de service, d’autres 20 ou 25 ans », souligne Robert Taylor. Je pense que si ça dure, c’est grâce au service de nos employés qui sont dédiés à leur travail. » « On en a passé des épreuves. Les Taylor sont de bonnes personnes. On sent qu’on fait partie de la famille. Moi quand j’ai un problème, je vais voir Bob », confie Danielle Moreau, acheteuse depuis 42 ans pour l’entreprise. Sise au cœur du centre-ville de Saint-Lambert, la vénérable institution s’est refait une beauté en 2004 en remplaçant sa façade. Une réalisation dont Robert Taylor semble particulièrement satisfait. « J’ai toujours détesté l’ancienne fausse façade. J’ai dit à mon père : comment t’as pu choisir quelque chose d’aussi laid ! Je me disais, un jour je vais descendre cette affaire-là », lance Robert Taylor en riant. Période d’incertitude Comme toutes les entreprises frappées durement par la pandémie, les magasins Taylor sont ébranlés par le climat d’incertitude ambiant. « Tout change vite en ce moment. J’aime encore beaucoup ce que je fais, mais je suis très inquiet, dit M.Taylor. La pandémie nous affecte énormément. Ce qui fait peur c’est que nous avons perdu plusieurs fournisseurs. Ce qui va arriver l’an prochain, je ne sais pas. » L’entreprise centenaire n’en est pas à ses premières épreuves. Et lorsque l’on demande à Robert Taylor ce que son grand-père aurait pensé de la crise actuelle, il répond sans hésiter : « Bah! Il aurait dit : on va toffer ! Il faut s’accrocher, on va passer à travers. » Magasins Taylor 556 avenue Victoria, Saint-Lambert Boutique en ligne : taylor.ca Une exposition à ne pas manquer !
Malgré le virus qui rôde, les consommateurs veulent pouvoir faire leurs achats dans une ambiance agréable. Comment réussir votre expérience client en ces temps de pandémie ? Nous avons posé la question à un expert. Du gel désinfectant, des consignes sanitaires affichées, des employés et des clients au visage couvert, un écran de protection à la caisse… Cet accueil jadis inimaginable dans une entreprise est aujourd’hui devenu la norme. « Ici, on suit les règles du gouvernement. On nettoie les poignées, on porte le masque, on n’accueille pas plus de deux personnes à la fois parce que l’espace est restreint. Tout ça, avec le sourire, car il faut donner le goût aux gens de revenir », explique Catherine Beaulne, gérante du Marché aux Fleurs. Même en période de pandémie, le fleuriste de Saint-Lambert applique les principes de l’expérience client, ce concept de marketing qui consiste à décrire l’ensemble des émotions ressenties par un consommateur lors de toutes ses interactions avec une entreprise. Stratège en expérience client et auteur de quatre ouvrages sur le sujet, Daniel Lafrenière, constate que la crise sanitaire entraînée par le coronavirus crée d’étranges situations entre les commerçants et leur clientèle.
« Il y a les consommateurs pour qui la COVID19 n’existe pas et il y a ceux qui, au contraire, sont très craintifs. Ces derniers n’apprécient pas le relâchement des mesures sanitaires lorsqu’ils entrent quelque part. Certains ont la mèche courte, encore plus maintenant qu’avant », décrit le consultant. « Les gens sont déstabilisés lorsqu’ils entrent dans un commerce, confirme Etiennette Beautheac. On sent la peur et parfois même de l’agressivité. Ce n’est pas facile pour nous aussi. J’explique la situation à mes clients et ils comprennent pourquoi les tablettes sont parfois moins bien remplies », confie la propriétaire de la pâtisserie Les Beaux Tilleuls, qui vient tout juste de vendre son commerce. En plus des contraintes imposées par le virus, les commerçants doivent plus que jamais composer avec la concurrence. C’est qu’en période de crise, la clientèle est plus susceptible de changer ses habitudes de consommation, l’expérience client devient donc encore plus cruciale, affirme Daniel Lafrenière, qui tient également un blogue sur le site du journal Les Affaires. « Les consommateurs adoptent de nouveaux comportements et de nouveaux commerces. De simples petits gestes prennent de l’ampleur et peuvent teinter leurs décisions », ajoute-t-il. Parmi ces petits gestes, voici 5 clés qui peuvent créer une bonne impression auprès de votre clientèle en contexte de pandémie. 1. Respectez les normes sanitaires en vigueur : « Comme consommateur, je veux me sentir en sécurité, je veux que les employés se sentent en sécurité et que nous soyons tous bien traités. Porter un couvre-visage, offrir du désinfectant, nettoyer les surfaces, ces petits gestes comptent. » 2. Essayez de rendre toutes ces mesures sympathiques : « L’expérience client ne doit être ni anxiogène ni stressante. Il faut être accueillant, sourire et s’intéresser aux clients. Certains d’entre eux veulent un peu oublier la pandémie. Ils se disent : fais-moi rêver à ton produit. » 3. Affichez clairement vos horaires : « Il faut créer et maintenir une relation avec le client, lui donner des nouvelles, le tenir au courant de vos horaires changeants sur votre site web, Facebook et Google. » 4. Attention à la « prime COVID » : « Certains commerçants ajoutent une prime pour la gestion de leurs frais liés à la pandémie. Le client peut comprendre que le masque, le plexiglas, le désinfectant et les autres mesures ne se paient pas tout seul. Ces frais doivent toutefois être raisonnables et clairement affichés. La règle c’est d’être transparent et d’éviter les mauvaises surprises. » 5. Répondre malgré tout aux besoins de la clientèle : « Les clients vivent une situation difficile. Peu importe la taille d’une entreprise, n’oublions pas que 80 % des consommateurs sont même prêts à payer plus cher pour vivre une bonne expérience client. » Ces quelques conseils peuvent faire toute la différence et consolider un lien chèrement acquis avec la clientèle, conclut l’expert. Des artères commerciales vides. Des fermetures de commerces temporaires, partielles ou complètes. La plupart des petits commerces de quartier qui font le plaisir et la fierté des citoyens se battent pour rester en vie depuis le début de la pandémie de COVID-19. Comme beaucoup de Québécois, les Lambertois réalisent plus que jamais l’importance de l’achat local. « Les commerces qui sont demeurés ouverts pendant la crise sont sous respirateur artificiel », confie Wesner Charles. Depuis la pause économique imposée par le gouvernement Legault, le propriétaire de l’épicerie italienne Alimentari Sud, tient à garder le moral. Son commerce situé sur la rue Saint-Denis est ouvert sept jours sur sept. On peut y entendre une musique joyeuse et les clients sont au rendez-vous. « On souhaite que la solidarité et l’esprit communautaire demeurent après la pandémie. Je suis optimiste. Il se peut que le premier réflexe en temps de crise soit d’aller remplir son frigo chez Costco, mais après, les gens vont revenir au commerce de proximité », pense-t-il. À quelques pas de là, sur la rue Victoria, Histoires de Pâtes, a réduit ses heures d’ouverture. Le traiteur de pâtes fraîches et de sauces classiques italiennes demande à sa fidèle clientèle de se désinfecter les mains à l’entrée. « Beaucoup de gens nous découvrent pendant la pandémie. Ils viennent chercher des repas qu’ils vont porter chez leurs parents âgés. On espère que les gens vont garder leurs bonnes habitudes d’acheter local », souhaite Claude Leclerc, copropriétaire de la vénérable institution qui concurrence les grosses chaînes d’alimentation, précise-t-il. Une parenthèse malheureuse
« C’est une parenthèse malheureuse, déplore Suzanne Boyd, une résidente de Saint-Lambert qui adore fréquenter son centre-ville et qui s’inquiète pour ses commerçants locaux. « Je compatis avec eux et j’espère qu’ils vont avoir les reins assez solides pour passer à travers la crise. » Madame Boyd continue de soutenir l’achat de proximité en s’informant sur internet de l’offre des commerçants locaux qui poursuivent leurs activités en ligne. Elle croise les doigts pour que les citoyens consomment de manière à favoriser ces entrepreneurs essentiels à la vitalité économique de Saint-Lambert. « On se sent chez soi lorsqu’on entre chez nos commerçants. Ils nous reconnaissent, ils s’intéressent à nous », ajoute-t-elle. L’importance d’acheter et de fabriquer local « Cette crise va nous faire réaliser à quel point plus la chaîne d’approvisionnement est longue, plus elle est fragile, croit Jacques Nantel, professeur émérite à HEC Montréal. L’achat local ce n’est pas le détaillant, mais le produit. On va redécouvrir l’importance des produits locaux pour des raisons stratégiques. » Les bouleversements actuels sont sans précédent, souligne celui qui étudie le comportement des consommateurs depuis plus de trente ans. Les gens seront peut-être plus sensibles à l’achat de produits locaux dans leurs commerces de proximité, mais le prix va fortement influencer leurs décisions, car avec la récession qui va suivre, ils seront plus vigilants et moins enclins à dépenser, craint-il. Face à ce nouvel engouement pour l’achat local, le spécialiste du commerce de détail recommande toutefois la prudence. « Il ne faut pas être naïf, si ça coûte plus cher les consommateurs ne suivent pas. Malheureusement, toutes les études le disent, le seul argument d’acheter local ne marche pas », observe-t-il. Les entreprises doivent donc offrir un avantage comparatif supplémentaire, soit miser sur la qualité d’un produit et sur sa différenciation, d’où l’importance de se démarquer dans son marché, ajoute le professeur. Miser sur le milieu de vie que l’on a choisi L’achat local ne devrait pas être perçu comme une petite tape dans le dos, mais comme un devoir de citoyen et un investissement, estime pour sa part Simon Brault. « Cessons de donner quelques dollars une fois de temps en temps aux entreprises locales en se disant qu’on vient de faire une bonne action en les encourageant. Cessons d'encourager les entreprises comme le p'tit gars ou la p'tite fille qui fait du porte-à-porte pour vendre des palettes de chocolat pour financer les activités de son équipe sportive », écrit-il. Dans un texte intitulé Cessons d’encourager les entreprises locales. l’enseignant en gestion et technologies d’entreprises agricoles au Collège Lionel-Groulx, plaide pour que l’on arrête de vouloir seulement « encourager » le commerce local, il souhaite plutôt que l’on mise sur l’avenir du milieu de vie que l’on a choisi en s’assurant qu’il ne devienne pas « une ville fantôme ou un désert ». Citoyens et commerçants ont avantage à maintenir la vitalité économique de leur région. Cette réalité saute aux yeux en ces temps de pandémie. « Un centre-ville avec des commerces en santé, c’est bon pour l’économie locale, pour les citoyens et pour la ville qui perçoit des taxes », fait valoir Claude Leclerc. « Il faut aider les commerçants à se relever, dès qu’ils vont rouvrir. Si c’est mort sur la rue Victoria et le centre-ville, ce n’est attirant pour personne. Tant qu’il n’y a pas de vaccin contre la COVID-19, on vit au jour le jour. Aujourd’hui, mon commerce est ouvert, demain je ne sais pas », conclut Wesner Charles. Pour consommer local : Commerces de Saint-Lambert demeurés à votre service ou ouverts depuis le début de la crise : urbain.saint-lambert.ca/commerces-agrave-votre-service-agrave-saint-lambert.html Le Panier Bleu : lepanierbleu.ca Ma Zone Québec : mazonequebec.com Lorsqu’elle était enfant, Valérie Bossé dévorait des bandes dessinées. Bien installée sur les petites chaises pliantes de la librairie Le Fureteur, la fillette était loin de se douter qu’elle en deviendrait la propriétaire.
Jeune adulte, l’étudiante en muséologie et en archéologie rêve d’effectuer des fouilles sur des sites préhistoriques amérindiens. La vie en a tout doucement décidé autrement. Peu à peu, les fréquentations de madame Bossé avec Le Fureteur deviennent plus sérieuses. Ce lieu où elle adorait traîner après l’école est devient un emploi. Avant d’en prendre les commandes, elle y travaille pendant vingt ans. Elle occupe presque tous les postes, sauf celui de la comptable. « Au début, c’était un emploi à temps partiel de fin de semaine, je ne pensais pas que ça deviendrait permanent…à force d’être toujours à la librairie, c’était comme devenu normal que je la reprenne », blague-t-elle. Un phare dans la ville C’est l’ancien propriétaire, Yves Guillet, qui propose à Valérie Bossé de reprendre le flambeau. L’histoire se répète un peu puisque cet amoureux des livres qui avait étudié en littérature n’avait curieusement jamais pensé devenir libraire et encore moins, propriétaire du lieu où il travaillait. L’ampleur du projet l’effrayait, avait-il confié. « Yves Guillet était un ami de la famille. En 1985, ma mère, Denise Daignault-Bossé, l’a convaincu d’acheter la librairie avec elle. Quatre ans plus tard, il en deviendra l’unique propriétaire », relate-t-elle. En l’an 2000, Le Fureteur quitte le local situé dans l’actuelle Boulangerie Pagé pour s’installer dans un édifice centenaire de la rue Webster rénové avec l’aide financière de la SODEC. Lorsqu’elle décide de prendre la direction de la libraire Le Fureteur en mai 2016, Valérie Bossé compare la vénérable institution de Saint-Lambert…à un phare. « Parce qu’un phare, c’est quelque chose qui guide vers un port, qui brave les tempêtes, qui est ancré et qui reste sur place. C’est l’image que j’ai de la librairie », explique-t-elle. Le secret de la longévité Après 56 ans d’existence, Le Fureteur a gagné l’affection de plusieurs générations de Lambertois et peut aisément se qualifier de pilier dans sa communauté. La petite librairie généraliste indépendante, l’une des plus anciennes au Québec, se tient fièrement debout bien droite devant les commerces de grandes surfaces et les Amazon de ce monde. Même l’arrivée du livre numérique ne semble pas avoir trop affecté les ventes de livres papier. « Nous ça va bien. Les gens nous disent qu’ils aiment encore le livre papier. On est très fiers parce que c’est bien beau une librairie indépendante de quartier, mais ça demeure un commerce au détail avec tous les défis que ça comporte », observe-t-elle. Cette longévité, Valérie Bossé l’attribue à sa fidèle clientèle, curieuse et exigeante. Elle souligne également le travail de son équipe de libraires passionnés. Ces gens se donnent le défi de dénicher des livres introuvables et se font un devoir d’exaucer les commandes de leurs clients. « Ce qui fait plaisir à entendre, c’est lorsqu’un client me dit qu’il a eu un bon service, une belle suggestion », confie-t-elle. Dans cette librairie de quartier, on conçoit le rôle du libraire un peu comme celui du passeur. Pour sa propriétaire, le libraire est quelqu’un qui établit une véritable relation et c’est important qu’il soit « chalengé ». « Il faut essayer de prévoir la demande. Ce qui nous distingue, c’est les suivis que l’on fait sur les livres que l’on nous demande. On aime aller au bout de nos recherches. Notre clientèle est extraordinaire, sans elle on n’est rien. Et on aime ça jaser avec les gens ! » Une librairie se doit d’être vivante, c’est un lieu d’échanges et de rencontres, croit Valérie Bossé. C’est pourquoi Le Fureteur est très présent sur les médias sociaux. Son équipe organise également des visites d’auteur, des conférences et de surprenants événements comme une récente dégustation intitulée « bière et littérature ». Chaque librairie a sa particularité, poursuit celle qui a grandi à Saint-Lambert, une petite ville où les gens se connaissent. Il y a dans cette coquette banlieue « un effet village », décrit-elle. Ce qui donne lieu à des situations pittoresques comme les clients qui téléphonent à la librairie en ne mentionnant que leur prénom : « Allô ! C’est Marie-Françoise ! » « C’est ça…Saint-Lambert. Et j’adore ça. », résume Valérie Bossé en souriant. Librairie Le Fureteur 25 rue Webster Saint-Lambert librairielefureteur.ca LE FURETEUR CONTINUE DE VOUS SERVIR EN CETTE PÉRIODE DE CONFINEMENT Passez vos commandes en ligne en visitant le https://lefureteur.leslibraires.ca Vos lectures préférées vous seront livrées par la poste. Sophie Leclair avait une idée, une vision d’affaires et une solide dose d’audace pour se lancer. L’entrepreneure de Saint-Lambert a créé Chez Nous Chez Vous, une boutique de design et de décoration d’inspiration scandinave. Elle carbure à la passion et aux coups de cœur. Chaque accessoire de décoration qui entre dans sa boutique de l’avenue Victoria a été soigneusement choisi. « Il faut que je tripe sur les articles que je propose. Si un objet est juste passable, ça n’entre pas ici », tranche Sophie Leclair. Diplômée de l’UQAM en design de l’environnement, la jeune femme a œuvré dans ce domaine quelques années pour ensuite travailler en impression graphique. Après avoir donné naissance à ses deux enfants, elle ne se voyait pas poursuivre dans cette voir; elle se cherche donc un nouveau défi. « J’étais devant une page blanche, confie-t-elle. Je voulais bâtir quelque chose selon ma vision, avec mon guts. Je voulais aussi, être mon propre patron. Je suivais sur Instagram des boutiques situées en Californie. Je voulais créer ici exactement ce que j’aime. » Comme si c’était chez vous Sophie Leclair confie l’identité visuelle de l’entreprise et la création de son site web à Todd Reichson, un graphiste de talent qui est également son conjoint. Elle veut offrir à sa clientèle un lieu unique, amical et chaleureux. Défi relevé. L’espace qu’elle créé sur la Rive-Sud de Montréal est non seulement coquet, mais lumineux et inspirant. Chez Nous Chez Vous porte bien son nom. Lorsqu’on y entre, on veut s’y installer, lire un livre et prendre le thé, comme si c’était…chez nous ! L’image de marque de l’entreprise est le fruit d’une réflexion qui se veut toute simple et d’une approche impossible à recréer dans les magasins à grande surface. « Les gens qui entrent ici ont l’impression d’être dans une maison. L’idée c’est que tu viens chez nous et que tu rapportes un objet chez vous », résume-t-elle. Sophie Leclair a choisi d’avoir pignon sur rue à Saint-Lambert pour le charme de la ville qu’elle habite depuis sept ans. Elle a d’abord voulu louer un local commercial, mais a finalement décidé d’acheter une bâtisse construite en 1893…un autre un coup de cœur. « Nous sommes tombés en amour avec les lieux et le propriétaire Monsieur Ménard. Nous avons rénové mais en conservant le cachet, avec les planchers d’origine et le foyer. » Et comme dans une vraie maison, la boutique donne sur une véritable terrasse arrière qui doit cet été accueillir un marché éphémère de fleurs cultivées sur une ferme. Un projet comme Sophie Leclair les aime et qui garde le lieu bien vivant. « C’est ma deuxième maison ici et aussi une entreprise familiale. Mes enfants sont souvent ici avec moi. Ma fille de 7 ans prend même des photos pour que je les publie sur mon compte Instagram », confie-t-elle en riant. L’art du beau L’expérience de Sophie Leclair en design de l’environnement exerce inévitablement une influence sur les choix qu’elle fait pour sa boutique. « Je ne suis jamais trop loin du design, j’ai toujours le nez là-dedans. Je comprends le processus de création d’un artiste, toute la recherche de matériaux, les prototypes et le travail derrière l’objet. Et j’aime mettre ça en valeur. » L’entrepreneure demeure à l’affût des tendances et de la demande sans toutefois suivre aveuglément les modes. Chaque jour, elle consacre beaucoup de temps à la recherche d’objets exclusifs. Elle aime dénicher les créations d’artistes d’ici et d’ailleurs qui produisent des choses qui la touchent et qui rejoignent ses valeurs. Pour Sophie Leclair, cet aspect de son travail est important. « J’aime encourager le jeune artiste aux études qui suit sa passion et qui crée quelque chose de beau. Ça me fait plaisir de le promouvoir et de donner un coup de main », explique-t-elle. Dans sa boutique d’accessoires aux lignes épurées, on retrouve notamment certains articles fabriqués par des handicapés visuels. Une partie des ventes de ces objets sont versées à des organismes qui défendent des causes qui lui tiennent à cœur. Achat local
À ses débuts en juin 2017, la boutique était presque vide, se souvint en souriant Sophie Leclair. Après trois ans de travail acharné et de présence sur les réseaux sociaux, l’entrepreneure reconnaît humblement que son commerce est de plus en plus reconnu, notamment pour ses articles que l’on ne trouve pas ailleurs. Aujourd’hui, la charmante boutique est devenue un incontournable dans son marché. « Mes clients sont contents de ne pas être obligés d’aller à Montréal pour trouver ce qu’ils cherchent. Même que maintenant, je vois des gens de Montréal qui se déplacent pour venir ici », lance-t-elle fièrement. Chez Nous Chez Vous a bien sûr sa boutique en ligne, une condition essentielle dans le monde compétitif du commerce de détail. Ce qui n’empêche pas Sophie Leclair de préférer, et de loin, voir entrer les gens dans sa boutique pour acheter ce dont ils ont besoin. « Ce qui me fait vraiment plaisir, c’est de voir des clients fidèles. L’autre jour une fillette de sept ans est venue ici, elle voulait un cadeau emballé dans un sac Chez Nous Chez Vous. J’étais tellement contente. » Chez Nous Chez Vous 579 Avenue Victoria Saint-Lambert cncv.ca Les bonnes tables se multiplient à Saint-Lambert. Parmi celles-ci, plusieurs proposent des menus issus des cuisines du monde. Autant de diversité culinaire au pied carré fait la joie des épicuriens qui aiment faire l’expérience de saveurs venues d’ailleurs. Elles nous arrivent de la Chine et du Vietnam. Elles ont choisi d’ouvrir leur restaurant non pas à Montréal, mais en banlieue. Voici l’histoire de deux entrepreneures audacieuses et passionnées : Dan Mao du Gyoka et Xuan Huynh, du restaurant Au Bon Sushi. Tout quitter et suivre son cœur Dan Mao ne sera jamais médecin. La jeune Chinoise qui avait pourtant terminé ses études universitaires et fait le serment d’Hippocrate caressait un tout autre rêve, celui d’ouvrir un restaurant, tout comme la plupart des membres de sa famille. Née dans la ville portuaire de Dalian, en Chine, Dan Mao n’avait que sept ans lorsqu’elle a mangé son tout premier poisson cru. La nourriture japonaise fut pour elle une révélation. Cette culture culinaire s’est solidement implantée dans sa ville natale où, pendant la seconde guerre, de nombreux Japonais se sont installés. « J’aime la nourriture chinoise de mon pays, mais je préfère de loin la nourriture japonaise », confie celle qui a vu plusieurs membres de sa famille installer leurs pénates au pays du soleil levant. La jeune femme quittera à son tour la Chine à l’âge de 21 ans pour suivre son mari aux États-Unis, jusqu’à ce qu’ils arrivent au Québec, en décembre 2015. Dans un restaurant japonais de Montréal où elle se déniche un premier emploi, Dan Mao fait la rencontre de deux cuisiniers aguerris : Steven Zheng qui avait travaillé dans un chic restaurant du quartier Manhattan, à New York et Jacky Chen qui avait fait ses classes à Toronto. Rapidement, le trio décide de s’associer pour ouvrir le restaurant Gyoka. Ils font le choix de s’installer à Saint-Lambert, pour sa clientèle curieuse, « ouverte sur le monde et la nourriture recherchée », se disent-ils. L’avenir leur donnera raison. La tendance izakaya Après de longs mois de rénovations, le restaurant Gyoka ouvre finalement ses portes en 2016. Avec son authentique décor japonais, la tendance des bistros nippons appelés izakaya se transporte sur l’avenue Victoria. « Nos chefs sont exigeants et travaillent avec les meilleurs ingrédients. Ici, nous n’utilisons pas de glutamate monosodique – aussi appelé MSG – fréquemment utilisé en cuisine asiatique », affirme Dan Mao. La restauratrice insiste sur l’importance de se démarquer, d’aller chercher le goût des aliments naturellement avec des arômes de fruits comme le pamplemousse et le citron. Ses partenaires en cuisine fabriquent toutes les sauces et les bouillons de leurs soupes. Aucun compromis n’est fait sur la constance et la qualité, jure-t-elle. « Lorsque les clients mangent et qu’ils sont heureux, je suis heureuse. Ils ont un respect pour la nourriture qu’on leur prépare. On essaie de faire de jolies présentations, car nos clients aiment la qualité, ils apprécient l’imagination et l’effort », observe la propriétaire. Dan Mao n’est peut-être pas médecin, mais elle soigne à sa façon des papilles et des palais. Elle s’émeut de voir un couple de clients octogénaires se tenir par la main. Elle aime voir les gens revenir dans son restaurant, essayer des plats et les entendre lui dire ce qu’ils apprécient ou ce qu’ils aiment moins. « C’est une belle clientèle. », répète-t-elle. Le sourire de « Madame Sushis »
À deux pas du Gyoka, se trouve le restaurant Au Bon Sushi. Sa copropriétaire, que les enfants surnomment « Madame Sushis », accueille les clients avec un large sourire et un thé bien chaud. Son vrai nom est Xuan Huynh. La restauratrice raconte avec fierté l’histoire du commerce qu’elle a ouvert il y a près de deux ans avec son mari, Kevin Tran, celui qui confectionne les sushis multicolores. Ils se sont rencontrés au restaurant Tokyo, à Montréal, où tous les deux travaillaient. Le jeune cuisinier apprenait à fabriquer les savoureux petits gâteaux de riz et de poisson cru, tandis que Xuan travaillait en salle, au service à la clientèle. Quelques années plus tard, lorsqu’ils ouvrent Au Bon Sushi, sur la rue Victoria, les deux entrepreneurs savent qu’ils ne sont pas les premiers en ville à offrir ce plat traditionnel japonais. « On sait qu’il y a beaucoup de compétition, mais je suis confiante, on est capables. On s’est dit : on va faire ce que l’on fait le mieux, confie la restauratrice. On travaille très fort, sept jours sur sept, et à date, les gens nous encouragent. » De Saigon à la Rive-Sud de Montréal Xuan Huynh est née au Vietnam, dans la ville de Saigon devenue Ho Chi Minh depuis la défaite du Vietnam du sud. Les vainqueurs l’ont ainsi rebaptisée afin de rendre hommage au dirigeant du même nom. Fille d’un père pâtissier, Xuan se souvient de la guerre en 1975, elle avait alors 4 ans : « Les gens courraient dans la rue sous les balles et moi aussi. Avec ma famille, on s’est caché dans le sous-sol d’une maison. On n’oublie jamais ça. » Comme des milliers de Vietnamiens, les parents de la jeune fille quittent leur pays afin d’offrir un meilleur avenir à leurs enfants. La famille Huynh débarque au Québec en 1983. « On nous avait dit qu’il faisait très froid ici, raconte Xuan. Ma mère nous avait acheté de gros chandails. Mais nous étions en juillet et il faisait 34 degrés. On a eu chaud ! », se souvient-elle en riant. Xuan a toujours travaillé en restauration. Elle vit à Saint-Lambert avec son mari depuis douze ans. Pour eux, le choix d’y installer leur commerce est venu tout naturellement. « J’aime Saint-Lambert, c’est une belle ville où l’on est proche de tout et les gens sont sympathiques. » Restaurant Gyoka 486 avenue Victoria Saint-Lambert https://www.gyokasushi.com/menus Restaurant Au bon Sushi 440 avenue Victoria Saint-Lambert http://www.aubonsushi.com Si vous entrez au Bistro Les Assoiffés, il est fort probable que vous trouviez Audrey Martineau-Dumas s’adonner à l’une de ses activités professionnelles préférée : la jasette. « J’aime jaser avec mes clients, même si je sais qu’il faut que je retourne dans mon bureau sinon le travail ne se fait pas. Le plus beau problème, c’est de trouver l’équilibre entre les deux », confie la jeune entrepreneure de 33 ans. Audrey est visiblement très attachée à Saint-Lambert, la communauté qui l’a vue grandir. « Comme tous les enfants d’ici, je suis passé par l’école des Saints-Anges, le Collège Durocher, le camp Minogami et le ski au Mont Sutton », blague-t-elle. À 19 ans, Audrey rejoint l’équipe de Max Dubois, à l’Échoppe des fromages, une véritable institution lambertoise. Elle y apprend à travailler fort en gang. « Ça m’a forgée », résume-t-elle. Pendant neuf ans, elle œuvre à l’Échoppe et fait la rencontre de son futur associé, Étienne Legault. « J’ai passé une bonne partie de la vingtaine à me demander ce que j’allais faire dans la vie, se souvient-elle. Je me disais : il faut absolument que je parte quelque chose ici, à Saint-Lambert. Je l’ai dit haut et fort à l’Échoppe. Et c’est Étienne qui a répondu à l’appel. » Un projet 100 % québécois Fin août 2014, les deux futurs associés se rencontrent à la salle de billard de Saint-Lambert, le seul lieu dans la ville qui ressemble à un bar où l’on peut se rassembler entre amis, ironise-t-elle. « On a commencé à discuter d’un projet d’entreprise. Étienne rêvait d’un bar de bières de dégustations, mais avec la loi Scott [1], c’est compliqué. Et un bar, ça coûte cher à ouvrir », explique Audrey. Plusieurs rencontres et quelques bières plus tard, le projet d’une boutique où l’on vend de la bière de microbrasserie québécoise prend forme. Offrir des produits locaux fait solidement partie de l’ADN des deux jeunes entrepreneurs. « Ça s’est décidé en une soirée. Nous étions dans le sous-sol chez Étienne avec nos portables et on s’est mis à écrire à toutes les microbrasseries du Québec en leur disant : salut, on a un projet…On a dû envoyer 45 courriels ! », raconte-t-elle en riant. Tout s’est enchaîné très vite. En octobre 2014, les associés louent un local dans l’ancien dépanneur Smat de la rue Victoria. Audrey a alors 28 ans et réalise qu’elle n’a pas encore prévenu ses collègues de l’Échoppe qu’elle quittait. La passion et l’audace
C’est en fouillant dans le dictionnaire qu’Étienne et Audrey trouvent le nom de leur entreprise. Ils sont tombés sur « assoiffé » en cherchant les synonymes d’un mot qui les définit bien : « Passionné ». Deux mois plus tard, en décembre, la boutique Les Assoiffés ouvre ses portes. Avec plus de 200 bières de microbrasseries québécoises, l’entreprise fait rapidement la preuve qu’il y a une place, à Saint-Lambert, pour des bières de dégustation. Audrey qui a toujours apprécié les vins et les fromages n’était pas une experte en bières, mais elle le deviendra en apprenant les styles, les levures et les fermentations. « Je n’avais jamais pensé devenir entrepreneure ! », se rappelle celle qui avait débuté sans les terminer, des études en ressources humaines à l’École des sciences de la gestion de l’UQAM. Fille d’un père psychologue, Audrey aimait le côté psychologie et entrepreneurial des ressources humaines, mais pas son cadre rigide. « Je ne suis pas du tout le genre 9 h à 5. J’aime les horaires un peu pétés », avoue-t-elle. À force de travailler sans compter les heures, le succès se pointe et les projets s’enchaînent. Le 16 mars 2017, les deux jeunes entrepreneurs se lancent dans la restauration et ouvrent le Bistro Les Assoiffés, situé à deux pas de leur boutique, à laquelle s’était joint un troisième associé, Mathias. Fidèle aux valeurs de l’entreprise, la carte des vins du Bistro Les Assoiffés ne compte que des produits canadiens et québécois. Les bières et les alcools offerts sont fabriqués au Québec. Pour Audrey, avoir un restaurant, c’est la concrétisation d’un rêve. Comme en témoignent son éternel sourire et ses yeux bleus rieurs, tout semble simple pour cette attachante commerçante qui a visiblement trouvé sa voie. « La restauration, c’est des gros rushs de fatigue et des gros rushs de fun, confie la jeune femme qui travaille entre 50 et 70 heures par semaine. Le plus difficile c’est de savoir quand prendre des pauses sinon, tu ne vois plus le fun que t’as. » Ok, go ! on le fait ! Audrey se définit comme une « fille de gang » qui aime créer des familles et des noyaux forts. C’est dans cet esprit qu’elle a eu la charmante idée d’organiser des quiz dans son restaurant, chaque premier dimanche du mois. L’énergique entrepreneure adore démarrer des projets qu’elle surnomme affectueusement « ses bébés ». Elle accouchera d’ailleurs d’un troisième « bébé » puisque dès décembre 2019, date de leur cinquième anniversaire, l’entreprise Les Assoiffés brassera ses propres bières. « On commence par fabriquer trois bières, explique-t-elle. Notre brasserie est dans le quartier industriel de St-Hubert. Nous serons distribués dans plusieurs points de vente et chez nous bien sûr. Étienne a les idées et moi la motivation », lance l’entrepreneure qui ponctue ses anecdotes par cette phrase : ok, go ! On le fait ! « Nous avons la plus belle clientèle au monde. Je ne le dis pas pour flagorner. Les clients de microbrasserie viennent déguster des bières. On n’est pas parfait. Quand on fait des erreurs, ils nous excusent », conclut-elle. Bistro Les Assoiffés, 20 Prince-Arthur Quiz du dimanche - Chaque premier dimanche du mois Boutique Les Assoiffés, 540 avenue Victoria http://www.lesassoiffes.com [1] Saint-Lambert est la seule municipalité au Québec où les bars sont interdits grâce à une loi datant de la prohibition. À quoi ressemblerait votre ville idéale en 2035 ? C’est la question posée par les municipalités de l’agglomération de Longueuil à leurs citoyens et une vaste réflexion à laquelle les Lambertois ont été conviés. Et tant qu’à imaginer notre ville de demain, pourquoi ne pas demander à l’architecte de renom, Pierre Thibault, de rêver avec nous. Sa philosophie est toute simple : remettre les humains au cœur du développement urbain. « À Saint-Lambert comme ailleurs, il faut se demander quels sont les aménagements stratégiques qui vont procurer le meilleur bonheur citoyen au quotidien », explique l’architecte dont le travail est reconnu autant chez nous qu’aux États-Unis et en Europe. « Construire est l’un des actes les plus importants que peut poser une société parce qu’il marque une empreinte définitive sur le territoire… », peut-on lire sur le site web de l’architecte qui travaille au réaménagement de plusieurs municipalités dont Drummondville, Matane et Lac-Mégantic. Pour bien construire, Pierre Thibault insiste sur l’importance de réfléchir et de prendre le temps. Il est essentiel de faire un plan d’ensemble, travailler avec les élus, consulter et expliquer le projet aux citoyens. Ces étapes permettent de livrer un projet moins coûteux, mieux pensé et mieux reçu par la population, assure-t-il. « C’est fascinant d’aller à la rencontre des citoyens. À Drummondville, une ville tout à l’auto, on a développé un quartier, avec un milieu de vie plus dense, à dix minutes de marche de tous les services, raconte-t-il. On a travaillé avec un groupe d’élus, on a fait une présentation publique au centre des congrès. Plus de 500 personnes se sont inscrites en plus de ceux qui nous suivaient sur Facebook en direct. Et on a eu aucun commentaire négatif ! » Le grand potentiel de Saint-Lambert Saint-Lambert est la 6è ville du Québec où il fait bon vivre, selon le magazine canadien Money Sense et serait le meilleur endroit pour y développer un réseau d’amis véritables, indique un sondage Léger mené sur le rapport des villes au bonheur. Comment maintenir les acquis et améliorer la qualité de vie ? Les meilleures idées ne sont pas les plus coûteuses, répète souvent le professeur à l’École d’architecture de l’Université Laval. Un réseau cyclable, un grand circuit piétonnier, un marché public, des lieux qui favorisent la rencontre et l’échange. Ces éléments procurent un bonheur citoyen à des milliers de personnes qui en profiteront pendant les vingt ou cent prochaines années, plaide ce créateur contemplatif. « Saint-Lambert a de grands potentiels. Comment tirer profit de sa proximité avec le fleuve et imaginer un parcours ? Il faut faire une étude du littoral de la ville et bonifier notre accès au fleuve. Dans une perspective minimaliste, on fait un plan d’ensemble de tout le littoral, pas seulement sur un ou deux ans, mais sur quinze ans. » Lorsqu’il travaille avec une ville, Pierre Thibault évalue différents scénarios et analyse les meilleurs exemples. Trop souvent, nous avons tendance à faire des aménagements où le bien-être n’est pas la préoccupation numéro un, déplore celui qui a conçu l’abbaye Val Notre-Dame des moines cisterciens située à Saint-Jean-de-Matha. « Il y a un désir de plus en plus grand de rester en santé et de marcher. On veut faire nos 10 000 pas tous les jours et on se demande si un déplacement peut se faire à pied. Une population en santé coûte moins cher.»
Éviter les « petits Manhattan » Pierre Thibault prône une densité douce et se dit critique d’un certain modèle de densification qui tend à recréer des « petits Manhattan » avec des immeubles aux multiples étages. « Vivre dans une tour ne permet pas de vivre en relation et malgré tous les réseaux sociaux du monde, il y a encore beaucoup de solitude. Lorsque l’espace public est bien pensé, il favorise l’interaction et la rencontre entre les gens, note-t-il. Dans une ville dense comme Paris, il n’y a pas un immeuble de plus huit étages, c’est agréable d’y marcher et pourtant, ils ont moins d’espace que nous. Au Japon, on n’a pas le droit de faire de l’ombre au voisin. À Tokyo, on voit peu d’immeubles plus haut que cinq ou six étages. » Travailler avec les élus Pierre Thibault profite de toutes les tribunes qui lui sont offertes pour proposer sa collaboration aux élus qui le souhaitent afin de les inviter à parler d’aménagement urbain. Élaborer un plan de conception de l’espace public représente le coût-bénéfice le plus important que l’on puisse faire, juge-t-il. « Investir dans un plan d’ensemble ce n’est pas cher par citoyen pour savoir quoi faire pour les prochaines années. Les élus ne sont pas là pour réaliser deux ou trois projets, mais pour faire en sorte que l’addition de toutes leurs interventions aura une valeur durable », pense-t-il. Parmi les réalisations de l’Atelier Pierre Thibault, on retrouve notamment le Musée d'Art contemporain de Baie-Saint-Paul, la Villa du Lac du Castor, l’abbaye Val Notre-Dame, le Théâtre de la Dame de Cœur et l’édifice de la Fondation Jean-Pierre Perreault. L’architecte qui a été professeur invité au MIT à Boston, préside actuellement Le Lab-École, un OBNL qu’il a cofondé avec Pierre Lavoie et Ricardo Larrivée, et dont la mission consiste à réunir les expertises multidisciplinaires pour concevoir les écoles de demain. |
Saint-Lambert Village Urbain
Pour tout savoir sur les places d'affaires locales de Saint-Lambert ! Archives
Janvier 2021
Categories |